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Démantèlement de la centrale nucléaire EDF - Brennilis : une mission de coordination chantier (SPS) sur-mesure

A la Une01/12/2025
Depuis un an, les équipes Apave accompagnent au quotidien EDF dans la deuxième phase du démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis dans le Finistère. Cette phase vise la déconstruction du bloc réacteur contenant les éléments les plus radioactifs : la cuve et les circuits de refroidissement.
Entretien avec Fabienne Romeur, Correspondante sécurité sur le site EDF Brennilis qui nous explique quelles sont les spécificités de ce chantier et comment sont gérés les enjeux sécurité.

En quoi consiste la phase démantèlement, quelles sont ses spécificités ?

Les premiers chantiers réalisés dans le cadre du décret de démantèlement complet, qui viennent de débuter en décembre 2024, consistent à libérer de l’espace en supprimant une dizaine de kilomètres de tuyauteries qui entourent la cuve. Puis viendront les opérations d’extraction des internes des canaux, encore présents dans la cuve.

 

Ces chantiers s’étaleront sur 4 ans, avant de lancer la 2ème grande étape : l’installation des ateliers blindés qui serviront à conditionner les futurs déchets issus du réacteur.

Viendra ensuite l’étape majeure du démantèlement complet, la découpe de la cuve pour laquelle des robots ont été imaginés et développés en collaboration avec l’Institut de recherche technologique Jules Verne de Nantes et Graphitech, une filiale du groupe d’EDF et de Veolia, qui associe la maîtrise de l’industrie nucléaire et les compétences d’ingénierie de démantèlement d’EDF avec les compétences robotiques en environnement nucléaire de Veolia, permettant la conception de machines spéciales et de plateformes d’intervention à distance pour le démantèlement.

 

Enfin, la dernière étape consistera à assainir l’enceinte et les sols avant de la démolir et rendre le terrain nu en 2041.

Quels sont les enjeux sur ce chantier particulier ?

Les enjeux sont nombreux et importants sur ce chantier sans précédent, j’en relève quatre principaux :

  • La sécurité, qui est notre priorité. Notre objectif est le 0 accident
  • La gestion du risque radiologique pour tous les intervenants, salariés EDF et entreprises partenaires
  • La continuité d’exploitation pendant les opérations de démantèlement (essais périodiques, surveillance, ventilation, protection incendie…)
  • La tenue du planning de démantèlement avec une date de fin de chantier telle que prévue par décret.

Quelle particularité revêt cette mission de coordination sécurité et protection de la santé ?

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Aujourd’hui, le site accueille entre 80 et 90 personnes par jour, pour atteindre 140 personnes lors de la phase « cœur de réacteur » en fin de chantier. Coordonner les différents acteurs, sur ce chantier de démantèlement aux défis uniques, pour assurer leur sécurité est un enjeu majeur pour EDF. L'expertise d'Apave en matière de Coordination Sécurité et Protection de la Santé (SPS) va au-delà de la conformité réglementaire. Les équipes Apave doivent disposer de compétences pointues permettant d’anticiper les risques dans des domaines spécifiques, telle que la radioprotection, pour éviter tout risque de contamination ou pour faire face à la découverte d'amiante ou d'agents chimiques « CMR ». Demain, les enjeux sécurité évolueront avec la présence systématique du risque radiologique.

 

Comme indiqué précédemment, EDF mène un travail en amont avec pour ambition de construire des robots dédiés et spécifiques au chantier de Brennilis pour réaliser les opérations les plus à risque et ainsi minimiser l’intervention humaine et le risque d’exposition. Le rôle d’accompagnement et de conseil du coordonnateur sera un élément clé dans la gestion de la sécurité du chantier.

Sur le chantier de démantèlement de la centrale, qu’est-ce qui vous paraît primordial dans la fonction du coordonnateur SPS ?

Intégrer un site avec des travaux de démantèlement de cette ampleur demande un lourd travail de prise de connaissance des différents référentiels EDF applicables.

Un point essentiel dans le rôle du coordonnateur SPS est de pouvoir restituer auprès des partenaires industriels les principes généraux de prévention et ne pas rester uniquement sur la protection individuelle. La maîtrise de la réglementation et des référentiels sont bien entendu des éléments de rigueur.

 

Au-delà du savoir-faire et du niveau d’expertise, la qualité de la mission dépend également du savoir-être, de la posture que pourra adopter le coordonnateur auprès des compagnons présents sur le chantier. Le relationnel est une qualité primordiale. 

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FOCUS
L'opération de Brennilis illustre l'expertise d'Apave dans l'accompagnement des sites nucléaires, y compris en phase de déconstruction. Découvrez toutes nos solutions pour l'énergie nucléaire.

Comment est né la relation de confiance ? Quels sont les points forts d’Apave ?

Nous travaillons avec l’agence de Brest depuis 2019 c’est donc une histoire de confiance qui a permis aux équipes Apave d’obtenir la mission de coordonnateur SPS (Sécurité Protection de la Santé), auparavant internalisée.
La volonté d’EDF est de s’appuyer sur les expertises sécurité et accompagnement technique que possèdent les équipes Apave, sur ce chantier hors norme.

A ce titre les points forts d’Apave sont de plusieurs ordres :

  • Une très bonne maîtrise de la réglementation et de son évolution tant sur les risques conventionnels que sur les risques radiologiques
  • Une expertise soutenue et une capacité à apporter des conseils de façon spontanée
  • L’aptitude à s’adapter à un planning très changeant
  • Une communication ouverte, notamment, la présence du management à nos réunions trimestrielles, ce qui permet de faire des points réguliers sur des sujets d’organisation de planning, de facturation… comme de soulever et débloquer d’éventuelles difficultés.
 

Les particularités du site de Brennilis

Située au cœur des Monts d’Arrée, dans le Finistère, la centrale nucléaire de Brennilis se distingue par son caractère unique en France : elle est la seule à avoir utilisé la filière à eau lourde avec un réacteur refroidi au gaz carbonique. Ce réacteur, d’une puissance de 70 mégawatts électriques, possédait une cuve horizontale permettant le rechargement en fonctionnement, une configuration rare. Après 18 ans de production, la centrale est définitivement arrêtée en 1985. L’enceinte du réacteur, impressionnante par ses dimensions (56 mètres de haut, 46 mètres de diamètre, murs en béton armé de 60 cm d’épaisseur), abrite encore le bloc réacteur, composé notamment de 216 tubes de force dans la cuve et de plusieurs kilomètres de tuyauterie autour de la cuve. Ce chantier de démantèlement, inédit par sa complexité, marque une étape majeure dans le processus de déconstruction.

 

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